CHASSE AU GROENLAND "L'important n'est pas le tableau mais la manière de le peindre"

Érik le Rouge et Knud Rasmussen, deux noms qui évoquent à chacun l’aventure, le grand nord, le blanc et le froid, ont testé, sans le savoir, l’atypique destination de Sable Safari, voici plus de 1000 ans pour l’un et 100 pour l’autre. « KalaallitNunaat », autrement dit « le Groenland », est en passe de devenir le rendez-vous incontournable de tous les nemrods en mal de sensations et d’émotions.

Le Groenland est la plus grande île non-continentale du monde et le pays où la densité de population est la plus faible. Le territoire est immense et désertique ; le climat rude et contrasté ; l’accueil franc et chaleureux. La chasse et la pêche côtoient, dans une parfaite harmonie, le smartphone et le Wifi ; les traditions fréquentent la modernité dans un excellent et exemplaire équilibre ; le confort ne cède rien à l’aventure et le risque n’a d’égal que le plaisir. Les aurores boréales ou le soleil de minuit hantent le sommeil de ceux qui osent fermer les yeux. En saison hivernale, un froid glacial et un vent polaire pénètrent jusqu’à la peau les imprudents aux seules hivernales et montagneuses précautions ; un blanc immaculé recouvre uniformément la terre, la mer, l’eau et la faible végétation ; le silence n’est troublé que par la nature et par le bruit des motoneiges, seuls véhicules adaptés aux conditions climatiques et au terrain. En saison estivale, les voies d’eau sont rouvertes à la navigation ; les déplacements sont surtout pédestres ; le sol est garni de lichens et les roches sont apparentes ; le jour est très long et même sans fin, à certaines périodes.

À moins de deux heures de l’aéroport international, une cabane en bois qui fut rouge, domine la vaste étendue de glace du plus grand fjord du monde, le fjord Sondrestrom. En réalité, le réceptif est situé en bord de mer mais les non-avertis risquent de ne pas s’en apercevoir. La rustique bâtisse peut accueillir un petit groupe de chasseurs et leurs guides. Elle est équipée de l’essentiel, un poêle à bois secondé par des auxiliaires à pétrole, une table et des chaises, trois chambres dont deux avec deux lits, un petit salon qui fait office de couchage accessoire, un équipement de cuisine rudimentaire mais suffisant pour boire et manger chaud. Nous ne parlerons pas du froid ni de sa célèbre chaîne car il est partout, en particulier et surtout dehors, mais également au lieu d’aisance réduit à sa plus simple expression. À la belle saison, dans un autre secteur plus propice aux chasses d’été, les toiles de tente font office de campement. Le contact avec la nature est encore plus fort. La chasse est physique et ne s’adresse qu’aux très bons marcheurs.

La vie dans ces conditions extrêmes et sous ces hautes latitudes n’est agréable que dans la convivialité, le respect et l’abnégation. Le spectacle de la nature de jour comme de nuit suffit à étonner le plus blasé et à enchanter le plus grincheux. Solitaires, pleurnichards et irritables, s’abstenir ! La promiscuité est ici la règle, la solidarité a force de loi, la condition physique participe à la sélection et l’austérité est digne, douce et drôle.

Comme nombre de pays au nord de la France, un seul repas chaud par jour est prévu, en général le soir. Le « cooker » peut varier au cours du séjour et les chasseurs sont invités à participer à la confection ou à la direction du repas sur la base du volontariat ou presque... Ce qui, ailleurs, est plutôt déconseillé est, ici, « chaudement » recommandé, choisir un emplacement à table et le garder pendant tout le séjour, adopter un verre, une tasse ou un mug et en prendre soin, sélectionner sa vaisselle et ses couverts et en assurer l’entretien. Chacun dresse sa table, débarrasse sa place et trie ses déchets. Le pain se réchauffe ou se grille directement sur les poêles. Les bidons d’eau sont en libre accès et représentent la seule source d’hydratation disponible. Le personnel assure avec dévouement la fourniture d’eau chaude qui est, inhabituellement plébiscitée et abondamment consommée, agrémentée de diverses poudres à infuser, à toute heure. Quelques sirops sucrés et colorés, aux saveurs singulières mais plaisantes, sont à disposition. Le seul alcool disponible est celui que chacun veut bien convier dans ses bagages personnels. Les repas « tartines » ou sandwichs se composent de pain de mie avec salami, fromage, pâte à tartiner et diverses conserves ; les repas chauds sont à base de bœuf musqué, tomates, oignons et féculents. Les quantités sont suffisantes pour assurer la thermorégulation et les efforts physiques nécessaires.

En hiver, le convoi démarre après le lever du soleil vers 9 heures quand la température est moins agressive, par un vrombissement de véhicules attelés de remorques pour le transport des hommes, des armes et des dépouilles. Ces engins motorisés équipés d’une chenille pour la propulsion et de skis pour la direction, affrontent avec beaucoup d’aisance le désert blanc, ses reliefs variés et ses larges étendues de glace d’une horizontalité confondante. En été, toute motorisation est bannie, chacun porte et déplace, bagage et matériel, en complète autonomie. Ne remplissez pas votre sac de toutes vos « craintes », vous pourriez, le soir, le regretter et en souffrir.

Le bœuf musqué et le renne sont les attraits principaux de ce séjour cynégétique polaire. Le bœuf musqué est un véritable survivant de la dernière aire glacière et s’apparente plus, malgré son nom, aux ovidés (chèvres, moutons...). Ils vivent en groupe de 5 à 15 individus, conduits par une femelle ou un mâle dominant. Les plus beaux spécimens sont chassés à la rencontre après un jumelage attentif. L’animal est rusé mais peu farouche, l’approche, jamais longue, doit toutefois être lente, silencieuse et adroite. Le renne appelé également Caribou affectionne les cimes et les crêtes. En saison hivernale, sa quête est plutôt sportive, demande une réelle débauche d’énergie ainsi qu’une once de désintéressement car l’animal ne porte quasiment pas de bois et son trophée est insignifiant. La saison estivale, en revanche, est propice à la récolte de grands et beaux trophées. La chasse de cet animal, quel que soient les conditions ou les saisons, n’est jamais une sinécure tant les approches pédestres sont souvent longues, parfois harassantes et toujours pentues. Le trophée, la viande ou la dépouille sont généralement ramenés à dos d’hommes ou halés par les plus forts sur, quelquefois, plusieurs kilomètres.
Les trois autres gibiers rencontrés et chassables, le lièvre arctique, le renard arctique et le lagopède arctique se chassent à la rencontre avec un fusil ou une arme rayée de petit calibre, prêtés par l’organisation, d’une façon récréative et informelle, sur le trajet, une fois l’objectif atteint ou lors d’une pérégrination pédestre aux alentours du réceptif.

Pour profiter pleinement de la chasse, il est prudent de s’entraîner et de disposer d’une condition physique minimum à défaut d’être optimum. En effet, certaines approches peuvent être longues, sur un sol glissant ou caillouteux et sur des pentes quelquefois ardues

« Dans notre expérience de globe-chasseur, nourrie aux aventures étonnantes, aux situations singulières et aux expériences hors du commun, il nous a rarement été donné de vivre pareil dépaysement et semblable confrontation avec la nature, le monde et les hommes. Ce « safarctic », désormais au catalogue de Sable Safari, nous a donné émotion, plaisir, bien-être et des souvenirs pour toute une vie. »
Jean Charles Swinnen, fondateur de Chasseurs Sans frontières